Pour ce quatrième épisode du podcast Paul Musique, j’ai eu le plaisir de recevoir Romain Raynal, un ami de longue date, compositeur, producteur et sound designer passionné.
Romain est un véritable artisan du son, toujours en quête de sens et de cohérence entre technologie, émotion et narration musicale.
Nous avons parlé de création sonore, de musique de jeu vidéo, de freelance, d’intelligence artificielle et de l’importance de l’humain dans la musique.
Un échange riche, sincère, et inspirant — comme toujours avec Romain.
🎙️ De la guitare aux pixels : le parcours d’un créateur passionné
Romain fait partie de ces artistes qui n’ont jamais cessé de toucher à tout. Compositeur, arrangeur, sound designer… il aime explorer toutes les facettes de la création sonore.
Il me confie dès le début de notre échange :
“Je suis un peu multi-casquette. Je fais de la composition, du sound design, et de plus en plus de musique pour le jeu vidéo. J’aime bien l’idée d’artisanat, de fabriquer la musique comme on construirait une maison.”
Et cette comparaison lui va bien. Romain conçoit la musique comme un travail manuel, précis, où chaque son a une texture, une histoire.
Il ne cherche pas à faire de la musique pour plaire, mais pour faire ressentir.
🎸 Une enfance bercée par la musique
Quand je lui demande d’où lui vient cette passion, il remonte naturellement à son enfance.
Issu d’une famille de musiciens, Romain a grandi dans une maison où la musique circulait librement :
“Mon père jouait de la guitare, en amateur, mais il y avait toujours des répétitions à la maison, des amis musiciens, de la musique partout. Mes deux grands frères ont suivi la voie, et c’est eux qui m’ont transmis le virus.”
Très tôt, il expérimente plusieurs instruments — clarinette, piano, saxophone, guitare, puis basse — avant de tomber amoureux de la technologie musicale.
Son côté geek et curieux le pousse à découvrir les premiers logiciels de MAO, comme Cubase, et à créer ses propres sons à la maison.
“J’ai toujours trouvé fascinant de faire de la musique avec un ordinateur. C’était magique.”
🧩 L’apprentissage, entre errance et autodidaxie
Ce qui frappe chez Romain, c’est son parcours non linéaire.
Pas d’école prestigieuse, pas de plan tout tracé. Il a appris en faisant, en se trompant, en recommençant — ce qu’il appelle joliment “le droit à l’errance”.
“À 14 ans, je savais déjà que je voulais faire de la musique pour le jeu vidéo, mais c’était un rêve inaccessible. Alors j’ai bossé, j’ai expérimenté, j’ai fait mille boulots. Livreur, vendeur, facteur… Et à côté, je faisais de la musique, tout le temps.”
Ce parcours atypique lui a forgé une solide indépendance. Il est aujourd’hui freelance, auto-entrepreneur, et gère son studio comme une petite entreprise : organisation, planification, communication, mais aussi curiosité permanente.
💼 L’artisan du son : entre structure et créativité
Romain parle de son métier avec une humilité rare. Pour lui, chaque collaboration est une rencontre humaine avant d’être un projet technique.
C’est d’ailleurs ce qui m’a marqué quand on a travaillé ensemble sur mon premier album : sa capacité à écouter, à comprendre ce que je voulais dire à travers mes chansons.
“C’est un échange. Quand un artiste vient enregistrer, il m’apporte sa prestation, moi je lui donne mon recul. Je n’ai pas la vérité, juste une vision qui peut l’aider à aller plus loin.”
Cette approche du dialogue, il l’applique partout — que ce soit avec un chanteur, un réalisateur ou un développeur de jeu vidéo.
Il enseigne d’ailleurs souvent ce principe dans les workshops qu’il donne à des étudiants en animation et en sound design : apprendre à communiquer avec d’autres créateurs.
🎮 La musique de jeu vidéo : un univers fascinant
Depuis quelques années, Romain a trouvé sa voie : la musique pour le jeu vidéo.
Un domaine à la fois technique et poétique, où la musique n’est plus seulement une bande-son, mais un élément vivant qui réagit aux actions du joueur.
“C’est ce qu’on appelle le music design. L’idée, c’est de découper la musique, de la rendre interactive. Si le joueur entre dans une zone calme, la musique s’adoucit. S’il entre en combat, le tempo change. La musique devient un langage.”
Pour lui, composer pour le jeu vidéo, c’est comme créer une partition qui respire.
C’est aussi une discipline de précision, qui demande de comprendre la 3D, les moteurs de jeu, les logiciels spécialisés comme Wwise ou FMOD, et la logique de programmation.
“C’est passionnant, parce que tu dois penser comme un développeur tout en restant musicien.”
🧠 L’IA, la technique et l’humain
Bien sûr, on n’a pas pu s’empêcher d’aborder le sujet brûlant du moment : l’intelligence artificielle.
Et là encore, Romain garde un regard lucide et mesuré :
“L’IA, c’est un outil. Ce n’est ni une menace ni une baguette magique. Elle peut aider, mais elle peut aussi te faire perdre du temps. Et surtout, elle tend à lisser la créativité.”
Il me raconte une étude sur les développeurs : ceux qui utilisent l’IA croient aller plus vite, alors qu’ils passent souvent plus de temps à corriger.
Un parallèle évident avec la musique :
“On croit gagner du temps, mais on perd en personnalité. L’IA fait bien les choses, mais sans aspérités. Or, c’est justement nos imperfections qui nous rendent humains.”
Selon lui, la véritable réponse à l’IA sera un retour à l’artisanat, au son “fait main”, aux instruments réels.
Et peut-être aussi un retour du live, comme il le dit si bien :
“Les gens voudront voir des musiciens jouer pour de vrai. Sentir les imperfections, les silences, les respirations. Le live, c’est ce qui nous relie.”
⚙️ Technique, créativité et organisation
Ce que j’aime chez Romain, c’est sa rigueur.
Derrière le créatif, il y a un vrai chef d’entreprise, un indépendant structuré.
“Quand t’es freelance, tu dois gérer ton entreprise autant que ton art. 50 % de ton temps, c’est la création, et 50 %, c’est la gestion, la prospection, la communication.”
Il m’a confié qu’il planifie tout, qu’il utilise des outils comme Notion ou Excel pour organiser ses projets à court, moyen et long terme.
Mais il reste avant tout passionné par la recherche sonore, les textures, les expériences.
“Je peux passer une journée à enregistrer des bruits d’ailes d’oiseaux pour les transformer en sons de drone. C’est un plaisir pur.”
🎧 Son rapport à la technologie : entre curiosité et mesure
Romain ne diabolise jamais la technologie — il l’apprivoise.
Il a toujours aimé expérimenter avec les outils, les plug-ins, les synthés, les logiciels. Mais il a compris que la technique ne doit jamais effacer l’âme du son.
“J’ai longtemps cherché à faire un son parfait, lisse, propre. Et je me suis rendu compte qu’en voulant être parfait, je perdais mon identité. Aujourd’hui, je cherche à réinjecter du vrai, du bruit, du vivant.”
Cette approche artisanale s’étend jusque dans son matériel : pas de studio suréquipé, mais des outils choisis avec soin.
Une carte son SSL, des enceintes de monitoring, quelques micros, un bon casque, et surtout… une oreille curieuse.
🧭 Le conseil aux jeunes créateurs
À la fin de l’épisode, je lui ai demandé quels conseils il donnerait à un jeune qui voudrait, comme lui, composer pour le jeu vidéo.
Il m’a répondu avec franchise :
“Si ton but c’est de gagner de l’argent, fais autre chose. Mais si t’es passionné, si t’as cette envie qui ne te quitte pas, alors vas-y. Tu n’as pas besoin de matériel haut de gamme, juste d’une carte son, un clavier MIDI et un bon casque.”
Son autre conseil : apprendre sans arrêt.
Apprendre les logiciels, les moteurs de jeu, les outils du métier.
Et surtout, se créer un univers personnel :
“Le matériel, c’est secondaire. Ce qui compte, c’est ce que tu veux raconter.”
🌐 Où retrouver Romain Raynal
🎧 Site officiel : romainraynal.fr
📸 Instagram : @romainraynalcomposer
💼 LinkedIn : Romain Raynal
🎵 Spotify : Écouter ses compositions
🔗 À écouter aussi
🎬 Épisode #01 – Clément de Solfierno
🎬 Épisode #02 – Frank Cotty
🎬 Épisode #03 – Adrien Fertier (Monoechostudio)
💿 Le podcast Paul Musique et le blog
Mon podcast Paul Musique est né de cette envie de mettre en lumière les artisans de la musique : musiciens, producteurs, ingénieurs du son, passionnés de création.
Chaque épisode est une conversation sincère, où l’on prend le temps de comprendre les coulisses de la musique.
Vous pouvez retrouver tous les épisodes sur la page officielle du podcast, ainsi que sur le blog Paul Musique, où je partage des articles sur la chanson française, la création musicale et la scène émergente.
Parmi les articles à (re)découvrir :
🎶 Quelles sont les plus belles chansons françaises ?
🎬 Lancement du podcast musical en vidéo avec Clément de Solfierno
🎤 Rencontre avec Frank Cotty : chanson française, humour et création
Retrouvez tout l’univers sur le site principal : paul-musique.com
et soutenez le projet sur Ulule.
❤️ En conclusion
Cet épisode avec Romain Raynal m’a rappelé à quel point la musique, quelle que soit sa forme, reste avant tout une histoire humaine.
Que l’on parle de sons, de pixels, de guitares ou d’IA, la création naît toujours du même endroit : le cœur.
“Ce n’est pas la perfection qui touche les gens, c’est l’émotion.”
🎧 Merci d’avoir écouté ce nouvel épisode du Podcast Paul Musique.
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